Tout est fait pour que la chirurgie soit optimale, rapide et de proximité
Chirurgienne spécialisée en gynécologie et sénologie à la Clinique d’Arcachon, le Dr Françoise Libotte reçoit de nombreuses patientes concernées par un cancer du sein. Elle réalise en moyenne 70 interventions chirurgicales par an dans ce domaine. Elle milite pour une prise en charge personnalisée, humaine et de proximité, afin que les femmes se sentent accompagnées et épaulées pendant leur traitement.
Pouvez-vous nous dire en quelques mots quel a été votre parcours ?
Je suis d’origine belge. Après le lycée, j’ai fait des études de dentisterie pendant 5 ans, notamment pour suivre les traces de mon père qui était stomatologue. Une fois licenciée en sciences dentaires, je me suis orientée vers la médecine. La chirurgie maxillofaciale et plastique m’intéressait particulièrement. Puis j’ai rencontré mon mari, qui était professeur en chirurgie générale, et je me suis dirigée dans cette voie. J’ai travaillé pendant deux ans à l’Institut Jules Bordet à Bruxelles, une référence en matière de lutte contre le cancer. J’ai été sensibilisée à la chirurgie mammaire et pelvienne aux côtés du Pr Nogaret et j’ai travaillé près d’un an dans le service de prise en charge du mélanome. Cela a influencé la suite de mon parcours. Ensuite, j’ai terminé mon internat à l’hôpital universitaire Saint-Pierre dans le centre-ville.
En 1997, je suis partie en mission humanitaire en Haïti, d’abord avec Médecins sans Frontières, puis dans le cadre d’un contrat avec le ministère de la santé haïtienne. J’ai beaucoup pratiqué en gynécologie, obstétrique et cancérologie du sein. À notre retour en 2001, nous avons décidé avec mon mari de nous installer en France plutôt qu’en Belgique, et la Clinique d’Arcachon (appartenant à GBNA Polycliniques) recrutait. J’y ai alors exercé en chirurgie générale et gynécologique. Depuis 2013, la Clinique est installée à La-Teste-de-Buch, au sein du Pôle Santé qui comprend également le centre hospitalier.
En 1997, je suis partie en mission humanitaire en Haïti, d’abord avec Médecins sans Frontières, puis dans le cadre d’un contrat avec le ministère de la santé haïtienne. J’ai beaucoup pratiqué en gynécologie, obstétrique et cancérologie du sein. À notre retour en 2001, nous avons décidé avec mon mari de nous installer en France plutôt qu’en Belgique, et la Clinique d’Arcachon (appartenant à GBNA Polycliniques) recrutait. J’y ai alors exercé en chirurgie générale et gynécologique. Depuis 2013, la Clinique est installée à La-Teste-de-Buch, au sein du Pôle Santé qui comprend également le centre hospitalier.
Aujourd’hui, quels sont vos domaines d’intervention ?
J’exerce en chirurgie générale, chirurgie du mélanome, chirurgie gynécologique et tout particulièrement sénologique, que je suis seule à pratiquer sur le bassin d’Arcachon (environ 70 interventions par an).
Quels sont, selon vous, les enjeux actuels de votre discipline ?
Le dépistage organisé du cancer du sein est à encourager et à poursuivre, pour une prise en charge la plus précoce possible. Pour notre département, c’est l’Association Girondine pour le Dépistage des Cancers (AGIDECA) qui est chargée d’envoyer un courrier à toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans, afin de les inviter à réaliser tous les deux ans une mammographie et une échographie de dépistage. La double lecture qui est faite est prise en charge par l’Assurance maladie. Grâce au dépistage précoce, il est possible de détecter des tumeurs de très petite taille et la chirurgie est d’autant moins invalidante. Rappelons qu’une femme sur 8 est, ou sera, concernée par un cancer du sein, d’où l’importance du dépistage, qui permet d’obtenir plus de 95 % de chances de guérison. Toutes les initiatives mises en place (Octobre Rose, marches ou courses contre le cancer du sein, etc.), montrent le bel élan des femmes qui sont très actives pour développer la solidarité.
Un deuxième enjeu, en matière de cancer du sein, concerne l’importance d’une prise en charge rapide, efficace et de proximité. Il faut que nous communiquions davantage pour faire savoir que cette prise en charge existe sur le Bassin d’Arcachon. En effet, le délai approximatif entre la mammographie, la microbiopsie et l’annonce des résultats est en moyenne de 15 jours à trois semaines, avant la consultation de chirurgie : il faut raccourcir ce délai anxiogène pour les femmes.
À la Clinique, les patientes bénéficient d’une prise en charge à taille humaine. Je suis en contact étroit avec les radiologues et les anesthésistes, afin de trouver des rendez-vous rapidement. Les patientes savent que je suis joignable sur mon portable si besoin.
Un deuxième enjeu, en matière de cancer du sein, concerne l’importance d’une prise en charge rapide, efficace et de proximité. Il faut que nous communiquions davantage pour faire savoir que cette prise en charge existe sur le Bassin d’Arcachon. En effet, le délai approximatif entre la mammographie, la microbiopsie et l’annonce des résultats est en moyenne de 15 jours à trois semaines, avant la consultation de chirurgie : il faut raccourcir ce délai anxiogène pour les femmes.
À la Clinique, les patientes bénéficient d’une prise en charge à taille humaine. Je suis en contact étroit avec les radiologues et les anesthésistes, afin de trouver des rendez-vous rapidement. Les patientes savent que je suis joignable sur mon portable si besoin.
Opération de mastectomie par le Dr Libotte
Quelles sont les innovations les plus marquantes aujourd’hui pour votre exercice ?
La chirurgie du cancer du sein a connu d’énormes progrès depuis une trentaine d’années. Pour les tumeurs de petite taille, nous nous limitons à l’exérèse du ganglion sentinelle et la prise en charge est réalisée en ambulatoire. Cette technique de chirurgie a minima a révolutionné la prise en charge des cancers du sein.
L’avènement et le développement de l’oncoplastie ont aussi constitué une belle avancée, en associant la chirurgie cancérologique et la chirurgie plastique.
L’avènement et le développement de l’oncoplastie ont aussi constitué une belle avancée, en associant la chirurgie cancérologique et la chirurgie plastique.
Quels sont les parcours de prise en charge ?
Le parcours de la patiente suit un protocole validé (Réseau de cancérologie d’Aquitaine). Après le diagnostic posé par le radiologue, ont lieu la consultation de chirurgie, la programmation de l’intervention et le rendez-vous d’anesthésie. L’IRM préopératoire, si besoin, permet de confirmer ou non le caractère unifocal de la tumeur. Quelques jours après l’intervention chirurgicale, je reçois les résultats de l’examen anatomopathologique de la tumeur et des ganglions. Le dossier de chaque patiente est ensuite présenté et validé en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) qui regroupe les professionnels concernés : chirurgiens, oncologues, radiologues, infirmières spécialisées, etc., en lien direct avec le Centre de Coordination en Cancérologie (3C Bordeaux Nord). Le médecin traitant est ensuite informé de la stratégique thérapeutique validée.
Je revois les patientes en postopératoire pour leur suivi chirurgical et, si besoin, je réalise une ponction en cas de lymphocèle. Je leur explique la suite de la prise en charge et leur prends les rendez-vous nécessaires avec le chimiothérapeute ou le radiothérapeute. Le traitement chimiothérapique est réalisé à la Clinique sur le Pôle Santé. Les séances de radiothérapie se déroulent à Bordeaux (Polyclinique Bordeaux Nord Aquitaine), souvent six semaines de traitement à raison de 5 jours par semaine. Il existe à la Clinique d’Arcachon un service d’oncologie où les patientes peuvent être hospitalisées, accompagnées par des infirmières très professionnelles et dévouées.
Je revois les patientes en postopératoire pour leur suivi chirurgical et, si besoin, je réalise une ponction en cas de lymphocèle. Je leur explique la suite de la prise en charge et leur prends les rendez-vous nécessaires avec le chimiothérapeute ou le radiothérapeute. Le traitement chimiothérapique est réalisé à la Clinique sur le Pôle Santé. Les séances de radiothérapie se déroulent à Bordeaux (Polyclinique Bordeaux Nord Aquitaine), souvent six semaines de traitement à raison de 5 jours par semaine. Il existe à la Clinique d’Arcachon un service d’oncologie où les patientes peuvent être hospitalisées, accompagnées par des infirmières très professionnelles et dévouées.
Les patients nous font confiance : nous leur devons une chirurgie d’excellence
Quels sont les sujets de recherche actuels et les perspectives à venir ?
De façon générale, en matière de traitements contre le cancer du sein, la chimiothérapie et l’hormonothérapie ont beaucoup progressé ces dernières années. L’immunothérapie est en développement. Les traitements sont de plus en plus ciblés et adaptés très précisément au profil immuno-histochimique de la tumeur.
La perspective de la radiothérapie per-opératoire (Mobetron) permettra, à terme, de supprimer le traitement radiothérapique postopératoire de 6 semaines, souvent long et contraignant pour les patientes.
La perspective de la radiothérapie per-opératoire (Mobetron) permettra, à terme, de supprimer le traitement radiothérapique postopératoire de 6 semaines, souvent long et contraignant pour les patientes.
Que représente pour vous l’excellence médicale ?
Être confrontée à un cancer du sein produit un grand stress, d’autant plus que celui-ci touche à la féminité et à l’esthétique. Nous travaillons en réseau et tout est fait pour que la chirurgie soit optimale, rapide et de proximité, avec une bonne communication entre tous les intervenants, dans un service à taille humaine. Le travail d’équipe est essentiel pour que les femmes se sentent prises en charge de façon globale et personnalisée. Dans le service, nous disposons d’une infirmière d’annonce qui prend le temps d’échanger avec la patiente, d’une psychologue, d’un coiffeur et perruquier, d’une assistante sociale, etc. C’est tout cela, finalement, qui contribue à l’excellence médicale.
Quel est selon vous le rôle du chirurgien dans la société ?
Le rôle du chirurgien est de réaliser une chirurgie d’excellence. En nous permettant d’opérer, les patientes nous font confiance : nous nous devons d’être excellents, de leur offrir le meilleur résultat, et de les orienter de façon optimale. Toute l’équipe est tournée vers cet objectif : nous ne pouvons pas nous permettre de faire autrement.
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Propos recueillis par Emmanuelle Barsky