Pouvez-vous nous dire en quelques mots quel a été votre parcours ?
En parallèle, je suis investie dans une association dédiée à la prise en charge des patients insuffisants respiratoires atteints de BPCO : je fais partie du conseil d’administration de la Fédération girondine de lutte contre les maladies respiratoires (FGLMR) et dans ce cadre, j’interviens dans un centre associatif de réhabilitation respiratoire.
Ainsi, la réhabilitation respiratoire aide à pallier le handicap lié à la maladie, à améliorer la qualité de vie et à maintenir l’état général. Elle permet d’améliorer la récupération dans les suites d’une exacerbation et diminue le risque de réhospitalisation. Ce parcours de soins est proposé également aux patients ayant suivi une cure de radiothérapie ou de chimiothérapie : cela les aide à reprendre une activité physique régulière. Il serait sans doute bénéfique dans toutes les situations de pathologie chronique, pour aider les patients à sortir de leur isolement et de leur condition de « personne malade » et améliorer la qualité de vie.
Autre enjeu, la prévention des maladies respiratoires : il faudrait selon moi développer des actions en ce sens pour sensibiliser le plus grand nombre aux méfaits du tabac, notamment à l’école et dès le plus jeune âge. La loi Évin et l’interdiction de fumer dans les lieux publics ont constitué des avancées, mais il faut faire plus. De même, la lutte contre la pollution atmosphérique est insuffisante et cela a des conséquences dramatiques sur la santé. Nous devons aussi améliorer la qualité de l’air intérieur, en évitant les composés organo-volatils des peintures ou solvants par exemple. Nous sollicitons d’ailleurs souvent des conseillères en environnement pour mesurer la qualité de l’air au domicile des patients. Il faut savoir que le mal-logement et l’insalubrité sont des facteurs de risque importants de pathologies respiratoires, en particulier chez les enfants.
En matière de diagnostic, l’écho-endoscopie bronchique qui s’est développée ces dernières années constitue un progrès car c’est une méthode d’exploration moins invasive. Nous sommes l’un des deux centres à la proposer sur la métropole de Bordeaux, avec le CHU.
En termes de traitements, depuis l’avènement des thérapies ciblées et de l’immunothérapie, il y a une dizaine d’années, la prise en charge des patients atteints de cancer du poumon a vraiment évolué. L’espérance de vie a nettement augmenté et aujourd’hui, nous avons d’excellents résultats de survie sans progression, avec un très bon état général, ce qui était rarissime à l’époque.
En cas d’asthme sévère, la mise au point de biothérapies (anticorps monoclonaux), il y a environ 15 ans, a révolutionné les traitements.
En parallèle, la pneumologie de ville doit se préparer à être confrontée à une recrudescence de consultations pour lire ces scanners, les interpréter et préconiser un suivi. L’intelligence artificielle, avec des lectures programmées de scanners, devrait nous aider à identifier plus rapidement un certain nombre de critères sur ces images. C’est l’un des grands enjeux de la radiologie thoracique dans les années qui viennent.
La réalisation de micro-prélèvements, afin que le diagnostic soit le moins invasif possible, est aussi une perspective intéressante. De même, la navigation guidée au scanner pourrait possiblement améliorer la prise en charge diagnostique des nodules pulmonaires.
Il est essentiel d’échanger avec le patient, de lui expliquer quels seront les traitements et, parfois, les difficultés techniques ou les aléas auxquels nous serons confrontés dans sa situation particulière. Ce n’est pas facile à expliquer, et parfois difficile à entendre. De même, certains patients ont de fortes demandes médicales alors que leur pathologie n’est pas organique et relève seulement de troubles fonctionnels. Ils multiplient les consultations et les examens, mais leur mal-être n’est pas pris en compte. Il faut prendre le temps de les écouter, s’intéresser à leurs besoins et à leurs conditions de vie. Par exemple, une personne ressentant une douleur thoracique persistante alors que tous les examens sont normaux doit être écoutée pour tenter d’identifier les problèmes sous-jacents et trouver des solutions avec elle. Parfois, une simple écoute permet de dénouer une situation difficile.
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Propos recueillis par Emmanuelle Barsky