

Le Dr Cédric Vaudois est chirurgien viscéral et digestif, spécialisé en chirurgie bariatrique, endocrinologique et hépato-biliaire. Dans sa discipline, l’avènement de la cœlioscopie a constitué une avancée majeure. Les suites opératoires sont grandement améliorées grâce aux techniques mini-invasives et à la réhabilitation précoce.
Originaire des Ardennes, j’ai fait une partie de mes études à Lille puis j’ai obtenu l’internat en 1999. J’ai décidé ensuite de partir en Martinique, à Fort-de-France. La faculté Antilles-Guyane dépendant de Bordeaux, je me suis installé dans cette ville deux ans plus tard pour terminer mon internat. En 2004, je suis devenu chef de clinique à L’Hôpital Haut-Lévêque et je suis arrivé à la Polyclinique Bordeaux Rive Droite (PBRD) en 2006.
Nous sommes quatre chirurgiens associés dans le service, nous serons bientôt 5. Nous avons chacun nos domaines de prédilection, même si nous sommes tous amenés à pratiquer les différents types d’intervention. Pour ma part, j’exerce en particulier en chirurgie bariatrique, endocrinologique et hépato-biliaire, tandis que certains de mes collègues pratiquent davantage la chirurgie colorectale.
Je fais partie de la Société française et francophone de chirurgie de l’obésité et des maladies métaboliques (Soffco-MM), dont le congrès annuel 2022 aura lieu en septembre prochain à Montpellier. Je suis également président de la Commission médicale d’établissement de la Polyclinique Bordeaux Rive Droite (PBRD).


L’objectif est de continuer à améliorer les suites opératoires, en utilisant les techniques mini-invasives et en favorisant la réhabilitation précoce. Les progrès sont constants dans ce domaine. Aujourd’hui, les durées moyennes de séjour sont divisées par deux ou trois et la reprise alimentaire se fait beaucoup plus tôt après l’intervention, car les études montrent que cela n’augmente pas le risque de fuites sur les sutures digestives. Tout cela impacte favorablement la prise en charge globale et le parcours des patients.
La chirurgie ambulatoire a connu un essor considérable depuis une quinzaine d’années. Aujourd’hui, le patient sort le jour même de l’intervention dans un grand nombre de cas, notamment en chirurgie biliaire simple (ablation de la vésicule), chirurgie bariatrique et chirurgie pariétale (hernies).


En ce moment, dans notre pays, les infirmières, comme d’autres soignants, sont vraiment épuisées. Et leur rémunération n’est pas à la hauteur du travail qu’elles fournissent. Elles démissionnent en masse, en particulier depuis deux ans : il en découle des difficultés de prise en charge et un recours accru à l’intérim, ce qui peut occasionner une baisse de la qualité des soins et un obstacle supplémentaire au suivi de la formation permanente de nos équipes, rendue impérative par la multiplication des protocoles de prise en charge.
Alertée par nos difficultés et grâce à l’organisation à taille humaine du groupe GBNA Polycliniques, la direction a pu réagir le plus rapidement possible à cette problématique en améliorant les conditions d’exercice des infirmières, et nous fonctionnons maintenant de façon quasi-normale alors que dans d’autres établissements, certaines salles de bloc sont encore fermées par manque de personnel soignant…
Cette problématique est un vrai défi pour les années qui viennent. Il y a 10 ans, une infirmière restait en poste en moyenne 16 ans, contre seulement 6 aujourd’hui.
Le Groupe GBNA Santé est un groupe familial et nous avons régulièrement des échanges avec la direction. C’est un gros avantage pour notre activité quotidienne, avec des processus décisionnels partagés et un accès facilité aux techniques innovantes.


Le principe de réalité augmentée est également au cœur des innovations actuelles, permettant de coupler des données d’imagerie et de reconstruction à la vision per-opératoire que nous avons en cœlioscopie, facilitant le repérage et la préservation des différentes structures anatomiques. Nous développons dans l’établissement une de ces techniques consistant à combiner un traitement d’image à l’injection per-opératoire de fluorescéine, permettant de juger en direct de la qualité de la vascularisation des tissus et de diminuer le risque de fuite sur des zones de sutures digestives.
Concernant la chirurgie bariatrique, les recherches s’orientent plutôt vers le versant hormonologique des mécanismes conduisant à l’obésité morbide. Il s’agit d’un problème de santé publique majeur, 17 % de la population française étant en situation d’obésité actuellement, soit 8 millions de personnes. Les recherches métaboliques sont très nombreuses, en particulier pour tenter de comprendre les mécanismes hormonaux impliqués dans la survenue de l’obésité.
Par ailleurs, les techniques de chirurgie mini-invasive continuent de s’améliorer, l’objectif étant toujours d’obtenir le moins de cicatrices possible avec une réhabilitation la plus rapide possible : nous allons donc vers une miniaturisation des outils et le développement d’actes sans cicatrices externes avec des voies d’abord endoluminales « naturelles » pour la chirurgie rectale, par exemple.
Des bâtiments sont en cours de construction à la Polyclinique Bordeaux Rive Droite. Ils accueilleront des services administratifs, des bureaux de consultation et un nouveau centre de dialyse, dont la capacité sera augmentée. Ce chantier s’inscrit dans un projet de développement médical de plus grande ampleur qui est en cours d’élaboration, avec l’ouverture prochaine d’une structure indépendante dédiée à la chirurgie de la main.
Par ailleurs, nous sommes en train de recruter un nouvel associé chirurgien qui s’occupera de déployer les secteurs d’activité que nous avons peu développés pour le moment : les interventions de statique pelvienne (incontinence, prolapsus) et la chirurgie proctologique, pour laquelle la demande de soins est forte. Il nous permettra aussi de répondre au renforcement à venir notre offre de cancérologie.
Avec le Dr Carine Chagneau-Derrode, gastro-entérologue, et le Dr Jean-Charles Vignal, chirurgien viscéral et digestif, nous développons l’hospitalisation de jour ou de semaine pour réaliser des bilans, par exemple avant une chirurgie bariatrique ou en cas de maladie hépatique (cirrhose). Les patients rencontrent tous les spécialistes concernés sur une très courte période, pour une évaluation complète et centralisée de leur situation, ce qui est un véritable progrès, pour eux comme pour nous. La mise en place du centre de consultations délocalisées évoqué précédemment s’inscrit également dans cette démarche de renforcer l’offre de soins et de la rendre la plus accessible à la patientèle située loin de Bordeaux.


Néanmoins, nous restons dépositaires d’une confiance importante de la majorité des patients, ce qui reste à mes yeux fondamental. Le risque de tomber dans un excès de technicité, de protocoles administratifs alourdis et de gestion automatisée est réel, comme dans de nombreux autres secteurs d’activité. Or, nous prenons en charge des êtres humains, souvent en situation de détresse, et la qualité du soin passe à mon sens en grande partie par l’écoute, le contact et la disponibilité, même en chirurgie. Le poids constamment croissant des tâches annexes, souvent exigées par des non-soignants dans un souci de « transparence », ampute toujours un peu plus le temps que nous pouvons consacrer à chaque patient.
Les chirurgiens, comme tous les autres soignants, doivent donc rester vigilants à préserver la relation directe avec les malades, en instaurant une forme de résistance à cette pression administrative croissante.