Pouvez-vous nous dire en quelques mots quel a été votre parcours ?
J’ai 35 ans, je suis gynécologue obstétricienne à la Polyclinique Bordeaux Nord Aquitaine. J’ai effectué ma première année de médecine à Lille en 2005 et j’ai passé le concours de l’internat en 2011. Lors de mon stage de 5e année en tant qu’externe en gynécologie à Lille, je suis rentrée un soir chez moi et ma décision était prise : je savais que je voulais exercer en tant que gynécologue obstétricienne. J’avais eu l’occasion d’assister à un accouchement, à une césarienne, à une échographie, j’avais échangé avec des patientes… Depuis ce jour, c’est vraiment une passion pour moi.
J’ai fait mon internat de gynécologie obstétrique à Reims, j’ai été chef de clinique pendant 2 ans puis praticien hospitalier pendant 2 ans également.
En 2021, j’ai rejoint la Polyclinique Bordeaux Nord suite au départ du Dr Constantopoulos. Celui-ci cherchait une gynécologue obstétricienne « polyvalente » qui puisse aussi prendre en charge des activités de chirurgie, d’obstétrique et de suivi. C’est ce que j’aime particulièrement dans mon métier : on ne sait pas de quoi la journée va être faite. Accouchement, consultation, bloc opératoire, échographie fœtales ou gynécologiques… J’aime particulièrement cette variété dans mon exercice. Aujourd’hui, j’observe de plus en plus une tendance à la surspécialisation dans un domaine d’expertise : en chirurgie mammaire, en chirurgie des prolapsus, ou en obstétrique uniquement. C’est dommage, à mon sens. J’ai choisi d’embrasser le métier dans sa globalité et c’est passionnant. J’ai un domaine de prédilection : la pelvi-périnéologie (la chirurgie des prolapsus), mais je considère que l’obstétrique est la base de notre métier et je ne pourrais pas choisir entre l’une ou l’autre de mes activités. J’ai la chance d’exercer à la Polyclinique Bordeaux Nord où cette polyvalence est possible et où les ressources, en termes d’examens complémentaires par exemple, sont rapidement disponibles et mobilisables (TEP-scan, scintigraphie…).
Quels sont, selon vous, les enjeux actuels de votre discipline ?
Il existe aussi un fort enjeu actuellement en termes de ressources humaines tant au bloc opératoire (infirmiers) qu’au bloc obstétrical (sages-femmes), car la France manque cruellement de sages-femmes et de gynécologues obstétriciens depuis un moment déjà. Je pense qu’il existe un désamour de la profession à cause d’une absence de valorisation et de reconnaissance du métier.
Quelles sont les innovations les plus marquantes aujourd’hui pour votre exercice ?
Nous avons réalisé notre première intervention vNOTES à la polyclinique de Bordeaux en mars dernier. Les avantages pour la patiente sont indéniables : absence de cicatrice, moins de douleurs, plus faible consommation d’antalgiques, retour rapide à la maison, procédure en ambulatoire, récupération postopératoire accélérée. Il existe aussi un intérêt pour la clinique car le temps d’intervention est raccourci, la durée d’hospitalisation est réduite (hystérectomie en ambulatoire), et cette technique novatrice est attractive pour les patientes.
Pour l’équipe chirurgicale enfin, l’installation est plus confortable qu’en cœlioscopie, l’ergonomie chirurgicale est meilleure, et cette intervention nécessite un seul aide opératoire (contrairement à l’hystérectomie cœlioscopique qui nécessite parfois un deuxième aide).
Enfin, l’avantage financier est également intéressant, car le coût est le même que pour une cœlioscopie classique.
Salpingectomie réalisée par le Dr Gilles GIOANNI, avec le Dr Laura Duminil.
Quelle est la place du patient dans votre domaine ?
De la même manière, pour les interventions chirurgicales, la patiente doit avoir compris des possibilités thérapeutiques, des conditions de l’opération, des risques de complications, etc. et avoir donné son consentement. Nous ne sommes plus dans une médecine patriarcale, et c’est tant mieux !
La désescalade chirurgicale en cancérologie est aussi un domaine qui va continuer à progresser. Au lieu de procéder à un curage ganglionnaire étendu, les techniques colorimétriques permettent désormais d’identifier le ganglion malade ou suspect. Le geste opératoire est moins invasif, avec moins de complications.
Je note aussi que la prévention se développe de plus en plus, notamment en pelvi-périnéologie : il est important que les femmes soient informées et sensibilisées pour protéger leur périnée. En effet, pour prévenir autant que possible la formation d’un prolapsus, ou éviter sa récidive, il faut commencer par corriger les facteurs favorisants, comme une pratique sportive créant des hyperpressions abdominales, ou une constipation chronique, une obésité…
Nous mettons en place la même chose concernant l’endométriose avec des psychologues, sexologues, médecins de la douleur, associés aux chirurgiens (gynécologiques, urologues, digestifs) et aux radiologues.
C’est très intéressant pour les professionnels comme pour les patientes, qui sont informées des décisions thérapeutiques prises en collégialité. Et cela démontre que les parcours patients et la collégialité sont la force de la médecine moderne !
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Propos recueillis par Emmanuelle Barsky
Pour en savoir plus :
Haute Autorité de santé. Prolapsus génital de la femme : prise en charge thérapeutique. 2021.
https://www.has-sante.fr/jcms/p_3270984/fr/prolapsus-genital-de-la-femme-prise-en-charge-therapeutique