

Pouvez-vous nous dire en quelques mots quel a été votre parcours ?


Les techniques chirurgicales sont moins invasives et plus reproductibles. Les incisions sont plus petites et nous faisons en sorte de traumatiser le moins possible les muscles, les nerfs et les vaisseaux adjacents. L’arthroscopie, désormais incontournable, permet à l’aide d’une caméra de réaliser des interventions précises avec des suites opératoires plus simples. Aujourd’hui, toutes les interventions sur la coiffe des rotateurs se font sous arthroscopie. Le risque de complication infectieuse est réduit, il y moins d’hématomes et de douleur postopératoire.
Des progrès récents ont aussi été réalisés en matière d’hémostase pour provoquer le moins de saignements possible, des injections sont pratiquées pendant l’intervention (anti-inflammatoires, adrénaline, xylocaïne, …), ce qui favorise la récupération en réduisant la douleur post-opératoire. Des protocoles de cryothérapie, avec la pose d’une attelle de compression et de froid, facilitent la réhabilitation.
Dans la chirurgie de prothèses, les laboratoires ont travaillé à l’amélioration des dispositifs et nous observons moins de complications liées à l’usure des implants.
La planification des prothèses en 3D permet la visualisation précise, avant l’intervention, du positionnement de la prothèse en fonction des déformations osseuses du patient.
Pendant la chirurgie, ces images sont projetées en temps réel, soit sur un écran soit directement sur le patient via des lunettes de réalité augmentée. C’est ce système que nous avons choisi à la Polyclinique Bordeaux Nord Aquitaine. Ces systèmes de navigation permettent de voir en temps réel le positionnement de l’implant et la direction des vis. Tout cela constitue un apport considérable pour notre pratique : cela facilite le geste et assure une reproductibilité de notre planification.
Cependant, cette avancée impose des exigences élevées en matière de coordination des soins, qui doivent être parfaitement orchestrés avant, pendant et après l’intervention. La prise en charge doit être pensée dans sa globalité. Il ne s’agit pas uniquement de réaliser l’acte chirurgical, mais de garantir qu’en amont, tout est préparé pour assurer un retour à domicile fluide et sécurisé : prescriptions médicales, visites d’infirmiers, kinésithérapie, ou encore mise en place des aides nécessaires.
Cette responsabilité dans l’organisation des soins est cruciale. Elle conditionne la réussite du parcours ambulatoire en assurant un accompagnement optimal à chaque étape. Sans cette coordination rigoureuse, l’efficacité et la sécurité de la chirurgie ambulatoire pourraient être compromises.
Une autre problématique est la prise en charge des urgences traumatologiques qui pose des défis spécifiques. Contrairement aux interventions programmées, elle ne permet pas de planifier à l’avance les soins nécessaires. Répondre rapidement à une perte d’autonomie soudaine, souvent causée par une fracture ou une luxation, est complexe, notamment dans un système de santé sous pression.
En France, la saturation des services d’urgence hospitaliers aggrave la situation, tandis que les cliniques ne disposent pas toutes d’un service dédié à la prise en charge immédiate. La Polyclinique Bordeaux Nord Aquitaine bénéficie heureusement d’un service d’urgence fonctionnel, mais en aval, le manque de places disponibles chez les professionnels libéraux ou dans les centres de soins de suite et de réadaptation constitue une limite supplémentaire.



La chirurgie n’est qu’une petite partie du résultat final. Tout le reste est à imputer à la préparation avant l’intervention, à l’organisation en amont des suites opératoires, aux précautions qu’ils respecteront, au soin porté à la rééducation, etc.
La responsabilisation et l’autonomisation des patients sont au cœur de notre approche. Il est essentiel qu’ils deviennent acteurs de leur propre prise en charge. Cela passe par une information claire, précise et complète concernant : leur pathologie ; l’intervention (risques, bénéfices, suites postopératoires) ; leur parcours de soins dans sa globalité.
La réussite d’un traitement chirurgical repose sur bien plus que la seule intervention. Les éléments clés incluent une préparation avant l’opération ; une organisation efficace pour les suites postopératoires ; le respect des consignes par le patient (rééducation, hygiène de vie, etc.) et une collaboration étroite avec les autres professionnels de santé de ville (infirmiers, kinésithérapeutes, etc.).
En somme, une prise en charge réussie est le fruit d’un travail d’équipe où le patient est au centre, responsabilisé et informé pour contribuer activement à son rétablissement.
Quels sont les perspectives dans votre discipline ?
Le tout nouveau centre Capnova, dédié à cette pratique, marque un tournant pour la Polyclinique Bordeaux Nord Aquitaine.
L’innovation est également au cœur de nos pratiques futures :
L’intelligence artificielle offrira bientôt des prédictions précises sur les résultats fonctionnels attendus après une intervention.
Les prothèses sans tige et autres systèmes d’ancrage plus préservateurs du capital osseux sont en pleine expansion.


L’excellence médicale demande aussi de ne pas travailler seul : savoir s’entourer d’une équipe est essentiel, et c’est enrichissant pour chacun. J’ai beaucoup d’échanges avec les kinésithérapeutes par exemple, pour discuter des pathologies, des diagnostics et des prises en charge.
Enfin, il est essentiel de continuer à se former en permanence, notamment grâce aux congrès, à la lecture d’articles scientifiques et à la collaboration à des projets de recherche.
Pour moi, l’excellence repose sur ces trois piliers : l’hyperspécialisation, gage de qualité ; le travail en équipe, avec une collaboration étroite entre médecins, kinésithérapeutes et professionnels de santé ; et la formation continue, indispensable pour intégrer les dernières avancées scientifiques et techniques.
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Propos recueillis par Emmanuelle Barsky