Dr Pascal Connault : « Aujourd’hui, les revêtements de prothèse sont capables de favoriser l’induction et la repousse de l’os contre l’implant »

La qualité de la relation avec les patients est essentielle dans la prise en charge globale

Chirurgien orthopédique à la Polyclinique de Grand Cognac, le Dr Pascal Connault est spécialisé dans les interventions concernant la hanche et le genou. Il explique en quoi la récupération améliorée après chirurgie, avec l’essor des techniques mini-invasives et la qualité des implants prothétiques, constituent des enjeux majeurs pour sa discipline.

J’ai fait mes études de médecine à Paris et l’internat m’a mené à Poitiers en 1986. En fin de clinicat, en 1993, je me suis installé en libéral à Cognac. Au début de mes études de médecine, je n’avais pas forcément l’intention de m’orienter vers la chirurgie, même si j’avais un grand-père et un oncle chirurgiens ; puis, au fur et à mesure de mes stages, le côté pratique et concret de la chirurgie orthopédique m’a attiré. L’accompagnement par les pairs lors de mon internat a fini de me convaincre de me tourner vers cette spécialité. Puis mon activité s’est concentrée sur la chirurgie orthopédique du membre inférieur, en particulier la hanche et le genou.

Je suis spécialisé en chirurgie de la hanche et du genou. Nous sommes deux chirurgiens orthopédiques associés, mon collègue étant davantage spécialisé dans les interventions du membre supérieur. Et nous devrions accueillir bientôt un troisième chirurgien.
En parallèle de la chirurgie orthopédique programmée, qui représente environ 60 % du volume de l’activité, nous pratiquons donc aussi des interventions d’urgence en traumatologie. En effet, la Polyclinique de Grand Cognac a signé une concession de service public avec l’agence régionale de santé, afin de collaborer avec le centre hospitalier. Ainsi, c’est ce dernier qui accueille les urgences, et nous prenons en charge les patients ayant besoin d’une chirurgie dans ce contexte.

Je suis membre de la Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (Sofcot).

Chaque chirurgien est surspécialisé dans un domaine, ce qui est un gage de qualité et de sécurité

L’un des grands enjeux, en orthopédie comme dans d’autres spécialités, concerne la diminution des durées d’hospitalisation : ce sont les objectifs de la Raac (récupération améliorée après chirurgie). Il y a 30 ans, la pose d’une prothèse de genou nécessitait jusqu’à 3 semaines d’hospitalisation, contre 1 à 3 jours aujourd’hui selon les situations. Nous utilisons des gestes chirurgicaux les moins traumatisants possible ; les progrès en termes de techniques mini-invasives et de réduction des voies d’abord ont été vraiment importants ces dernières années. De même, les techniques d’anesthésie sont de plus en plus précises, avec des molécules et des dosages parfaitement ajustés pour que la durée de vie et le délai d’élimination des produits soient courts. Cela participe à une récupération plus facile et à une reprise d’autonomie plus rapide. Bien sûr, l’organisation en aval est importante pour que les patients soient accompagnés au mieux après l’intervention et qu’ils retrouvent leur autonomie rapidement.

Les activités prothétiques sont aujourd’hui bien rodées et nous bénéficions de matériels très innovants et qui s’améliorent sans cesse. J’ai d’ailleurs participé à la création d’une nouvelle prothèse de hanche, en collaboration avec un fabriquant d’implants et plusieurs collègues chirurgiens orthopédistes. Nous avons apporté quelques améliorations, en particulier concernant le matériel ancillaire, la forme et le design de la prothèse. Par exemple, en choisissant de positionner le cotyle en céramique légèrement en retrait de la cupule métallique, nous évitons les conflits entre le col de la pièce fémorale et la céramique dans les amplitudes extrêmes, ce qui était parfois à l’origine de bris de céramique pouvant nécessiter une reprise chirurgicale.

 

Travailler dans une ville de taille moyenne fait que nous croisons régulièrement les patients et leur famille dans la vie quotidienne : ce sont même parfois des connaissances ou des voisins. Les relations que nous avons avec eux ne sont certainement pas les mêmes que dans une grande agglomération, où l’anonymat est souvent la règle. Nous avons un vrai rôle dans la cité ! Nous essayons d’être accessibles et disponibles, pour nos patients comme pour les médecins généralistes de la région.

Effectivement. Autrefois, le chirurgien était souvent considéré comme un « sauveur » : il intervenait dans des situations critiques et apportait une solution dans des cas graves. Aujourd’hui, il est parfois consulté comme un prestataire de services… Certains patients viennent me voir pour des problématiques « de confort », avec une grande exigence, comme cet homme de 66 ans qui souffrait du genou mais souhaitait tout de même continuer à courir le marathon. Mais cette évolution est aussi due au fait que, fort heureusement, nous savons prendre en charge les pathologies graves de façon plus précoce et plus efficace.

Il est primordial de se tenir au courant des progrès scientifiques en termes de matériel et de techniques

Des recherches sont en cours pour mettre au point des procédés pouvant permettre de fabriquer du cartilage, ce qui serait tout à fait intéressant pour les personnes souffrant d’arthrose. De même, l’algodystrophie est un sujet de recherche actuel, qui intéresse aussi les rhumatologues, car nous ne savons pas encore expliquer précisément les causes de sa survenue.
Concernant plus particulièrement les implants prothétiques, des progrès notables ont été réalisés au fur et à mesure des années en termes de matériaux, avec des revêtements de prothèse capables aujourd’hui de favoriser l’induction et la repousse de l’os contre l’implant. Nous évitons ainsi les complications qui pouvaient avoir lieu avec l’usage de ciment (manque d’adhérence, usure, descellements…). Grâce à ces innovations, il y a beaucoup moins de reprises chirurgicales ou de changement de prothèses de hanche. Pour la pose de prothèses de genou, nous devons encore utiliser du ciment, car les problématiques ne sont pas les mêmes, mais la recherche nous permettra peut-être de nous en passer dans l’avenir…

Je pense qu’il est primordial de se tenir au courant des progrès scientifiques en termes de matériel et de techniques. De plus en plus, chaque chirurgien est surspécialisé dans un domaine, dans un type d’intervention, dont il maîtrise les gestes à la perfection. C’est un gage de qualité et de sécurité. C’est aussi pourquoi il me semble important de savoir orienter un patient vers un confrère lorsque c’est nécessaire.

Pour un chirurgien, l’excellence médicale pourrait être simplement synonyme de qualité technique : des gestes opératoires parfaitement maîtrisés, des matériaux innovants et l’utilisation des dernières techniques chirurgicales. Mais cela ne suffit pas, bien entendu : la qualité de la relation avec les patients est essentielle dans la prise en charge globale. De la première consultation jusqu’au suivi après l’intervention, il est important de veiller à instaurer une relation de confiance, à faire preuve d’empathie et à nous monter disponibles. Enfin, le travail en équipe est très important. Il nécessite l’écoute et la prise en compte des difficultés de chacun pour une collaboration de qualité.
C’est cela, aussi, qui va conditionner la qualité du résultat médical, la récupération, la reprise de la marche et de l’autonomie.